Patrick MONJOIE, Directeur du CRIBW depuis 2013, revient sur les dix dernières années du CRIBW, de ses premiers contacts avec le centre à nos jours, en passant par son entrée en fonction, les projets mis en place, les évolutions de l’association et de ses actions…
De la rencontre…
« Mes premiers contacts avec le CRIBW remontent à 2008, je connaissais bien le CRIC et donc l’action des Centres Régionaux d’Intégration, mais n’avait pas de contact direct avec le Centre Régional d’intégration du Brabant wallon… quoi que ! » A cette époque Patrick travaillait dans un service d’aide en milieu ouvert dans la région de Charleroi. « Nous avions un service itinérant, le ‘Bus des Quartiers’. Ma direction avait été contactée par Pierre Anthoine (premier Directeur du CRIBW) pour que nous organisions, dans ce bus, des moments informatifs auprès des parents à propos du tout nouveau ‘Décret inscription’. » Ainsi pendant une semaine Patrick a mené, conjointement avec l’équipe du CRIBW, des permanences aux sorties des écoles du Brabant wallon.
Si à un niveau institutionnel, les contacts étaient sporadiques, les associations œuvrant dans des zones d’actions très différentes, au niveau humain, Pierre et Patrick se connaissent bien.
« En effet, nous étions tout deux impliqués largement dans le tissu associatif social et culturel de l’Ouest du Brabant Wallon. C’est ainsi, au détour d’une réunion des Centres Culturels de l’Ouest du BW fin 2012, que j’apprends que Pierre Anthoine va quitter la direction du CRIBW pour reprendre la direction du Centre Culturel de Tubize » … et il a saisi l’opportunité !
… à l’entrée en fonction…
« Me voici, en février 2013, installé, au milieu d’une quinzaine de personnes, dans la salle du Conseil Communal de Tubize pour un long examen écrit portant à la fois sur les connaissances de l’action sociale-intégration en Région wallonne, sur le réseau associatif du Brabant Wallon et sur le management. » Cet examen sera suivi par un entretien oral avec Nathalie Poelaert (ndlr: Présidente du CRIBW depuis 2013), Françoise Rondeau, Directrice du CERAIC, Blanche Garcia de la CSC et bien sûr Pierre ANTHOINE, assumant ses derniers jours dans l’asbl.
Le coup de téléphone de Nathalie POELAERT ne se fera pas attendre, « nous sommes fin février 2013, le CA m’appelle et m’annonce vouloir me confier la direction du CRIBW, avec un véritable défi : implémenter la nouvelle mission des CRIs, le « Parcours d’accueil » (ndlr: officiellement voté en 2014).»
Si contractuellement Patrick n’entre officiellement en fonction qu’en juillet, officieusement il entame le travail dès le mois de mars, sur un projet un peu particulier. « Juste avant de partir, Pierre avait donné le renom locatif au propriétaire des locaux que l’asbl louait à Tubize, au-dessus du magasin de chaussures… et, malheureusement, les locaux envisagés à Nivelles s’avèrent, après une analyse approfondie, « inoccupables ». » C’est dans l’urgence que Patrick va finalement trouver les bureaux de la Rue de l’Industrie et organiser, avec l’aide de l’équipe, le déménagement qui aura lieu à la mi-juin 2013.
« J’ai également participé à l’AG du CRIBW qui se tenait à l’hôtel de ville de Nivelles. » Cette AG était importante car elle marquait officiellement d’une part le passage de flambeau entre directeurs, mais aussi, d’autre part, de Carl Delcourte à Nathalie Poelaert, à la présidence de l’asbl.
En 2013, après 10 ans d’existence, c’est donc un nouveau duo qui se met en place pour guider le CRIBW vers ses nouvelles missions et son déploiement.
Premiers pas…
L’équipe du CRIBW était composée, à l’époque, de 5 personnes : Sawsan, Jessy, Isabelle, Lise et Catherine… Rachida (cf. Partir d’une page blanche) et Julie ayant en effet donné leur démission à l’annonce du départ de Pierre.
Les premières années au CRIBW n’ont pas été un long fleuve tranquille pour Patrick : « Il y a eu des départs de membres du personnel, des erreurs d’embauche, des contraintes supplémentaires imposées par la Région wallonne, des changements d’approches dans l’action du CRIBW sur la province… et bien sûr des besoins d’ajustements entre l’équipe et moi. Mais ceci ne nous a pas empêché de mener de beaux projets. »
… aux belles réussites
Au-delà des aspects plus administratifs, tels que la mise à jour du règlement de travail, la rédaction d’un ROI, la réflexion d’équipe et du CA sur les valeurs de l’institution, la rédaction des descriptifs de fonction… le CRIBW a également créé des outils, des nouveaux postes, développé l’ASBL sur deux sites et mené des projets en collaboration avec le tissu associatif…
« Nous avons aussi revu intégralement notre rapport d’activité. J’ai ainsi proposé, en 2017, à l’équipe de rédiger un rapport annuel, non exhaustif, posant un regard d’analyse croisée sur l’année précédente. Ce document moins volumineux, mieux illustré (grâce au talent de Nicolas, faut-il le reconnaitre) et rassemblant des articles courts est aujourd’hui largement lu et apprécié par les membres de notre Assemblée Générale. »
Au niveau du personnel, en dix ans l’équipe a plus que doublé.
« Principalement en première ligne pour assumer le travail d’accueil et d’accompagnement des personnes primo-arrivantes. Mais j’ai aussi créé le poste ‘Responsable Communication’ qui était alors assumé, sur certains aspects, par Jessy, Coordinatrice administrative et financière. Dès 2015, le CRIBW s’est doté d’une réelle Coordination pédagogique en la personne de Sawsan, attentive à construire les liens entre les projets et une dynamique d’équipe porteuse. Et dans la foulée, nous avons opté pour une séparation de la dynamique ‘Formation’ et ‘Sensibilisation’, instaurant ainsi deux postes temps plein complémentaires. »
En 2021, le CRIBW a investi concrètement le secteur de l’ISP via un financement du FOREM et l’engagement de Sandy et Laurence. Finalement en 2022, nous avons encore élargi notre action en conventionnant des volontaires multilingues défrayés pour assumer un travail d’accompagnement social en langue étrangère avec les personnes primo-arrivantes non francophones.
Sur la création d’outils…
« Au niveau des outils, je pense bien sûr à notre jeu « Au temps des migrations » qui est toujours d’actualité et largement demandé par des secteurs aussi différents que l’enseignement, l’éducation permanente, les associations jeunesse,… A l’époque, Isabelle, en charge de la formation et de la sensibilisation, abordait déjà ces questions de cette manière, en introduction des formations. Il n’a fallu qu’un petit coup de pouce et la mobilisation d’une illustratrice pour réaliser un jeu pédagogique interpellant sur ces questions de migrations. » – ndlr : suivi d’une extension, cf. Un retour dans le temps : notre jeu !)
« Mais je pense aussi à notre « jeu de l’oie du parcours migratoire » qui a envahi notre parking lorsque nous avons déplié la bâche de 2m sur 5m imprimée pour l’occasion.» Ce jeu a été testé lors des Mondes de Nivelles et permettait aux enfants de découvrir et comprendre la migration,
tandis que « les adultes s’étonnaient de lire que l’on parlait des migrants belges en Russie ou ailleurs dans les mêmes termes que ce que l’on entend aujourd’hui des migrants syriens, afghans et autres… »
Les différents décrets et leur lot de défis…
En 2016, alors qu’à Namur, l’administration et le Cabinet du ministre commençaient à travailler à l’adaptation du décret « Parcours d’accueil » vers le « Parcours d’intégration », « il devenait évident qu’à la rue de l’industrie nous ne pourrions ni accueillir un déploiement de l’équipe, ni, et surtout, accueillir convenablement les primo-arrivants dans le cadre de leur parcours. J’ai donc déniché les locaux à la Rue de Bruxelles. Cet ancien restaurant allait donc maintenant accueillir un service social d’accompagnement des personnes étrangères. Nous les avons inaugurés comme il se doit avec représentation du Cabinet du ministre Maxime Prévot et de nos partenaires. Mais ce que moins de personnes savent, c’est que nous les avions déjà inaugurés en équipe, entre nous. »
Tout s’est déroulé au début de l’année 2016, « l’encre sur le contrat de location de la rue de Bruxelles séchait encore. Après avoir partagé notre repas de nouvel an en équipe, nous sommes allés découvrir les locaux et asperger chacun des coins de la salle de formation de vin rouge ; reprenant par là une tradition burundaise qui propose ainsi une offrande aux ancêtres afin de s’assurer de leur bon accueil. »… Depuis cette date nous avons deux sites complémentaires, un avantage pour une action au plus proche de nos bénéficiaires, mais aussi un défi pour maintenir la cohésion d’équipe.
Que d’aventures en BW…
Au travers de son récit, Patrick nous apprend également que, durant ces 10 ans, nous verrons la finalisation du Réseau Brabançons pour le Droit au Logement (RBDL) et l’engagement de son premier employé, l’évolution de la Nuit Africaine et son village associatif, la tentative de création et d’autonomisation d’une radio associative Radio27.be dans laquelle Patrick et notre première responsable communication se sont fortement investis par la réalisation, en collaboration, d’émissions volontairement ‘interpellantes’ sur les questions de migrations et de richesse de la diversité…
« il y a aussi eu la campagne ‘Enragez-vous’ en collaboration avec le tissu Education Permanente, ou encore l’interpellation de la Province du Brabant wallon qui permettra, en 2020, le vote de la motion « Province Hospitalière ». », Patrick finit par avouer qu’on ne saurait toutes les citer, tellement il y en a eu !
… et au delà de la Province !
On ne pourrait terminer cette rétrospective sans toucher mot des actions menées avec et par le DISCRI et des autres CRIs. « J’ai assumé pendant deux ans (de 2014 à 2016) la présidence du DISCRI, heureusement accompagné pour ce faire de Pierra Micciche, directrice du CIMB. Ce fut un travail prenant, chronophage, complexe dans ce contexte mouvant de l’installation du « Parcours d’accueil / intégration ». »
Un sourire, un peu nostalgique, Patrick ajoute : « Mais que de changements en 10 ans au sein de cette structure rassembleuse ! A mon arrivée, le DISCRI était dispersé sur plusieurs sites, à la fois à Liège et à La Louvière. L’équipe était compétente mais totalement déconnectée les uns des autres et donc difficile à manager. C’est pour cela qu’avec Pierra, nous avons cherché à les rassembler dans un lieu central. » La solution est arrivée du SETIS Wallon qui quittait ses bureaux de la Place Falmagne. « Nous avons repris son bail, installé l’équipe à Namur, où elle se trouve toujours aujourd’hui, dans des locaux qui nous permettent en plus d’accueillir les InterCentres. Au niveau du CA du DISCRI, les arrivées et les départs de direction ont profondément modifié nos relations, nous permettant finalement de trouver un réel équilibre et un apaisement dans nos rapports et, après tant d’années de réflexion, l’émergence d’une réelle fédération des CRIs. »